Nancy Sauvan, quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
J’ai suivi un cursus d’ingénieur à l’école Chimie ParisTech durant lequel je me suis spécialisée en chimie organique et analytique. Dès mon entrée dans la vie active, en 2001, j’ai travaillé au service des produits et en lien avec les substances. Au début, dans les secteurs des cosmétiques puis des peintures, des détergents et des produits biocides. Je travaille en réglementation des produits depuis 2007.
En 2017, pour compléter mes connaissances, j’ai passé un Diplôme d’Université de Toxicologie suivi du Master 2 de Toxicologie Humaine obtenu par Validation des Acquis de l’Expérience. Ce diplôme d’Université a enrichi ma mission aux affaires réglementaires avec la capacité d’évaluer les risques liés aux substances. Aujourd’hui, les notions de risque et de danger en toxicologie, dans l’approche et l’évaluation, sont centrales notamment dans le cadre du Green Deal.
Après une vingtaine d’années en entreprise, mon arrivée à la Fipec en 2021, en tant que Responsable Affaires Réglementaires Produits, a donné une nouvelle orientation, plus institutionnelle, à mon parcours.
En quoi consiste vos missions ?
Mon objectif est d’accompagner nos industries dans la connaissance des textes réglementaires en vue de la conformité des produits. Il s’agit par exemple des textes liés à la classification et l’étiquetage des substances et produits. Cet objectif conduit à 3 missions principales : la veille réglementaire, l’analyse des textes et projets de loi et la vulgarisation des informations. S’ajoute une 4e mission, spécifique au travail en fédération, celle de représenter les adhérents auprès des instances et autorités françaises et européennes.
Quelles sont les compétences nécessaires pour devenir chargé d’affaires réglementaires ?
Les affaires réglementaires sont accessibles à partir d’une filière scientifique, parfois pharmaceutique, en y associant des compétences réglementaires. Certains peuvent avoir un profil juridique avec une spécialisation en réglementation. Mais c’est plus rare et plus difficile sans une formation scientifique initiale.
Les qualités humaines requises, les soft skills, sont indéniablement la rigueur et la curiosité. Beaucoup d’informations sont à prendre en compte, ne serait-ce qu’au niveau réglementaire. Nous devons nous tenir à jour de toutes les actualités et textes de loi, les analyser et les trier. C’est une mission qui demande du temps, de la régularité et de l’organisation. Il faut aimer communiquer, transmettre dans une approche pédagogique, savoir vulgariser les données scientifiques et réglementaires, pour les connecter avec un public varié et d’horizons différents. Il faut également aimer convaincre pour porter la voix de sa filière. Le caractère contraignant, pour beaucoup, de la réglementation, fait de ma nature optimiste un atout dans ce métier. Savoir prendre du recul, regarder avec pragmatisme les sujets, s’avère souvent nécessaire.
Comment évolue le métier ?
C’est clairement un métier d’avenir ! Pour une entreprise, maitriser le réglementaire est une force concurrentielle et un gage de pérennité. Ce poste est à la croisée de nombreux enjeux, sanitaires, environnementaux, scientifiques, industriels, économiques, opérationnels… Sa diversité en fait tout son attrait.
Le métier a évolué dans son contenu et sa forme. Le rythme est plus soutenu qu’il y a quelques années, en rapport à l’intensification des lois et à la multiplicité des informations. Le point positif est qu’on y accède aujourd’hui beaucoup plus facilement.
Dans la forme, une grande part de notre travail est la restitution. Elle implique des interventions publiques, l’animation de réunion ou d’événements professionnels et la création de supports de présentation. Sur ce volet, nous travaillons en étroite collaboration avec le service communication.
Dans l’imaginaire collectif, l’expert réglementaire travaille tout seul dans son coin. Mais pas du tout ! Avec son spectre d’intervention très large, il est interconnecté aux services internes de son entreprise, ou dans mon cas de la fédération, tout autant qu’au monde extérieur. Le profil de ses interlocuteurs est très varié et ses missions dépassent les frontières. Les sujets techniques et technologiques le dirigent vers la R&D, l’étiquetage vers le marketing, la formation aux nouvelles réglementations vers le commercial et la logistique, la représentation de la filière vers les pouvoirs publics…
Que préférez-vous dans votre métier ?
Je me plais à œuvrer pour une réglementation opérationnelle au service de la conformité des produits. Les experts réglementaires ont la tête dans les textes et les pieds dans la réalité !
Mon métier est gratifiant car il me donne le sentiment d’apporter ma pierre à l’édifice, en aval, au service des utilisateurs et en amont, avec les instances décisionnaires. La Fipec me donne la chance de contribuer à l’élaboration de textes pour une approche constructive.