En juin dernier, lors de la Journée Fipec, Maxime Blondeau est venu présenter sa discipline, la cosmographie, devant nos experts, fabricants de peinture.
Sa vision du monde donne un nouvel angle, ancré dans la dimension du territoire. Elle invite à repenser la place d’une activité industrielle et à questionner sur le rapport à la technologie. Elle rappelle quelques faits, comme celui que nous programmons le monde mais qu’en même temps, le monde nous programme.
LA CONSCIENCE DU TERRITOIRE
Longtemps, l’homme a exercé une domination sur la nature. Il l’a considérée comme une zone d’extraction, un outil et non un milieu. Il a oublié que le territoire, confluence de tous les vivants, est en mouvement perpétuel. Il n’est pas un stock mais un flux permanent qui nous traverse.
A la découverte des pôles au début du 20e siècle, Paul Valery relève que le monde est limité et ses ressources aussi… « Le temps du monde fini, commence ». Naît alors la conscience globale de la planète (1ère photo de la Terre en 1972) qui a fait anticiper les crises économiques et la mondialisation. La disparition de 70% de la population animale en 50 ans est le résultat direct de notre action aveugle sur la planète.
Une prise de conscience de l’ampleur grandissante des déchets produits et de l’impact d’une production linéaire de masse s’opère, en les situant dans le territoire, local et global.
Maxime Blondeau évoque la fin de la croissance illimitée, non pas en faveur d’une décroissance mais au profit d’une croissance durable et sobre. Il invite donc à repenser notre rapport au monde et, dans l’urgence, nos modes de vie et de production. Pour comprendre le monde et l’habiter durablement, il propose de conscientiser les territoires à travers le triptyque, bio-géo-techno. La cosmographie, donc, pourrait aider à améliorer notre représentation du territoire et à vivre ensemble.
LA CIRCULARITÉ
Le pari de l’humanité est de vivre dans un monde où elle fait alliance avec le territoire.
Changer notre conscience du territoire implique 3 étapes : la réception de l’information (connaissance et sensorialité) ; la perception (filtre culturel) ; la conception (gouvernance technique), qui entre dans la responsabilité territoriale des entreprises.
Pour l’industriel, il implique une approche holistique qui prend en compte :
– Le bio > adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et de la biodiversité
– Le géo > s’inscrire dans le contexte géographique et culturel d’implantation
– Le techno > utiliser l’innovation pour atteindre des objectifs de durabilité, touchant à la fois le produit et le rapport durable au territoire.
Des entreprises ont saisi l’intérêt de mesurer leur impact sur leur environnement, proche et plus global, mais peu ont fait la démarche inverse. Comment les limites planétaires vont impacter mon marché et mon entreprise ? Comment le réchauffement climatique va influer sur le comportement de mes clients ? Comment identifier les risques et anticiper ces évolutions de marché ?
Le mantra de Maxime Blondeau est de réconcilier lucidité et confiance, l’un n’allant pas sans l’autre. « Croire en l’humanité laisse présager une course à l’échalotte des valeurs pour le territoire, en basculant de la logique de quantité à celle de la qualité. Le taux de circularité va devenir un facteur de compétitivité et une valeur commerciale en réconciliant la conscience des territoires avec le social. Le challenge est de voir loin en faisant proche ».