Alors que seuls 16 % des jeunes de 18 à 24 ans souhaitent commencer une carrière dans l’industrie, le secteur a « des milliers d’emplois » à pourvoir, selon le ministre de l’Économie. Le gouvernement vient à ce titre de lancer le « Pacte productif », destiné à améliorer la compétitivité des métiers industriels, tandis que les entreprises tricolores tentent de se rapprocher du grand public.
Bien aventurier celui qui aurait pu prévoir un rebond de l’industrie française ces dernières années. Déclarée en état de mort cérébrale depuis plusieurs décennies, il semblerait bien que la capacité productrice de la France se soit pourtant stabilisée. Fini, le temps des éloges funèbres et autres nécrologies industrielles ; le temps est désormais aux discours optimistes sur la manière dont l’industrie, après une phase de déclin, peut remonter la pente.
Réduire les impôts de production
Et tout le monde y va de sa conjecture et de son argumentation pour tenter d’orienter le gouvernement, qui a lancé le 15 octobre le Pacte productif, conformément aux vœux du président de la République, Emmanuel Macron, émis en avril dernier. Ce Pacte « vise à construire un nouveau modèle français respectueux de l’environnement pour atteindre le plein emploi, tout en remettant en cohérence les différentes initiatives déjà lancées », indique le ministère de l’Économie, qui chapeaute la réforme. Objectif ? « Plein emploi », « améliorer la compétitivité de l’industrie » et « permettre de nouvelles créations d’emplois ».
Les industriels hexagonaux et leurs représentants fondent beaucoup d’espoir sur ce Pacte productif. « Nous sommes stabilisés, mais le pronostic vital est toujours engagé. Notre industrie est de plus en plus offshore, et les centres R&D vont finir par suivre les usines. Il faut agir encore pour conserver notre industrie », avertissait il y a quelques jours le président de l’Alliance pour l’Industrie du Futur, Bruno Grandjean. Nous avons un travail sur la compétitivité coût à réaliser, cela passe par une baisse des impôts de production ».
Un diagnostic (fiscal) partagé par le gouvernement, selon Bruno Grandjean, même s’il regrette que « les choses ne bougent pas » pour l’instant. Si le président de la République devrait rendre ses arbitrages sur le Pacte en début d’année prochaine, le gouvernement semble d’ores et déjà résolu à recevoir les doléances des industriels. Le Conseil national de l’industrie, présidé par le Premier ministre, Édouard Philippe, se tenait jeudi 14 novembre à Marseille. Les propositions émises ont toutes tourné autour des mêmes enjeux : réduire les impôts de production, favoriser l’investissement et promouvoir les filons d’avenir et l’apprentissage.
« L’industrie se modernise »
Cette rencontre s’est tenue en même temps que la deuxième édition de « L’Usine extraordinaire» (du 14 au 16 novembre à Marseille), une « opération séduction » organisée par plusieurs entreprises tricolores et destinée à mettre les projecteurs sur les métiers de l’industrie. Aéronautique, construction navale, agroalimentaire, chimie, pharmacie, biotechnologies, énergie, etc. : 50 entreprises industrielles ont participé à l’événement. En mettant l’accent sur les enjeux qui les préoccupent particulièrement — l’industrie du futur, l’environnement, la formation et l’éducation, la place des femmes dans l’industrie, etc.
À la fois cofondateur et mécène de « L’Usine extraordinaire », EDF était présent, en tant qu’ambassadeur de l’industrie en France. L’entreprise a pu compter sur ses « survoltés », des salariés volontaires, pour présenter son expertise, ses métiers, sa culture d’entreprise et aussi valoriser sa politique de recrutement. Le groupe industriel recrute en effet tous les ans plus de 11 000 nouveaux collaborateurs (CDI, CDD, alternances et stages). « L’usine d’aujourd’hui, contrairement à certains préjugés, est un lieu inclusif, porteur de valeurs positives, résolument tourné vers l’avenir et qui offre des opportunités aux jeunes générations », soulignait ainsi pour l’occasion Christophe Carval, DRH du groupe. Recruter, tel est bien l’enjeu majeur de l’industrie française aujourd’hui, insiste aussi Xavier Ursat :
« En tant que Président du GIFEN, Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire, je suis ravi de voir les jeunes générations découvrir le savoir-faire de toute la filière nucléaire française. C’est essentiel si nous voulons susciter des vocations et répondre aux besoins en recrutement de la filière dans les années à venir ».
« Sans industrie, pas d’avenir »
Présent pour l’inauguration de « L’Usine extraordinaire », le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, n’a pas manqué de revenir sur les défis d’innovation et de compétences auxquels doit répondre l’industrie tricolore. « Cet événement est une formidable opportunité pour montrer à tous, notamment aux jeunes, que l’industrie se modernise, innove et recrute », a-t-il ainsi tweeté, ajoutant qu’il restait « des milliers d’emplois [actuellement] non pourvus ». L’industrie, avenir de la France ? C’est tout entendu pour le ministre. Et il n’est pas le seul à le penser.
Bernard Bigot, le président d’Iter — un programme à long terme visant l’industrialisation de la fusion nucléaire, à des fins énergétiques par exemple — et de « L’Usine extraordinaire », en est convaincu : « Sans industrie, pas d’avenir », affirmait-il au quotidien La Provence la semaine dernière. Afin de rester dans un « rôle de concepteur compétitif » et « reconquérir » l’industrie, selon lui, il est urgent que la France retrouve « la fierté de la production », alors que seuls 16 % des jeunes (18-24 ans) envisagent de commencer une carrière industrielle. D’où l’importance de ces rencontres avec le public, en attendant les arbitrages présidentiels sur le Pacte productif l’an prochain.
Source : Actu-Economie