La chimie est-elle un secteur qui recrute ?
Le secteur de la chimie embauche ! Il y a des postes à pourvoir avec des besoins assez spécifiques dans les fonctions intermédiaires. Le métier d’opérateur par exemple, accessible à partir d’un bac pro, manque de candidats. Les techniciens (bac+2) et techniciens supérieurs (bac+3) sont également des profils recherchés par les industriels. Les technico-commerciaux, qui cumulent aptitudes techniques et commerciales, sont très convoités. En revanche, au niveau ingénierie et doctorat, la concurrence des candidats est plus tendue.
Comment expliquez-vous le décalage entre l’offre et les besoins en compétence ?
En France, le dispositif de formation en chimie est l’un des plus performants d’Europe. La contrepartie est la tendance des étudiants à prolonger leur cursus, sans pour autant tenir compte des offres du marché de l’emploi. Un jeune en bac+2 peut trouver un emploi plus facilement qu’un bac+5 ou 6 et est armé pour saisir des opportunités d’évolution au sein de son entreprise. Le 2e écueil est la prise en compte encore imparfaite par le système éducatif des besoins économiques des entreprises, malgré les progrès enregistrés ces dernières années. Ainsi la double compétence technique et commerciale devient incontournable dans la chimie, et fait pourtant défaut. Ces deux disciplines sont enseignées de façon trop dissociées alors qu’elles sont étroitement liées dans le monde du travail.
Comment la filière réunit les deux mondes, celui de la formation et de l’entreprise ?
Je crois beaucoup aux synergies et nos organisations travaillent en étroite collaboration avec les filières métier, tel que le SIPEV et la FIPEC qui représentent la chimie de formulation. Ensemble, nous pouvons faire connaître et promouvoir auprès des jeunes la chimie dans toutes ses dimensions : des métiers variés et qui peuvent être très spécifiques, des carrières évolutives et des entreprises engagées. La chimie est partout et participe aux grands défis de l’humanité. « Il n’y a pas de chimie sans innovation » est le message que nous souhaitons faire passer en favorisant les échanges entre les étudiants, les écoles et les entreprises. Notre plus belle réussite est le Village de la Chimie qui suscite de plus en plus d’intérêt.
Quel est votre bilan de la dernière édition du Village de la Chimie, la 18e et 1ère digitale ?
Cette édition a été chamboulée par les conditions sanitaires que l’on connait. Il était toutefois important de maintenir le Village d’où notre choix d’un événement digital, qui a convaincu ! 1 500 visiteurs et 100 acteurs dont 30 écoles, 30 institutionnels et 40 entreprises. Parmi elles, citons BASF, Beckers Group, Cromology et PPG, adhérentes du SIPEV, qui ont contribué au succès de l’événement. De nombreuses conférences avec des témoignages de chimistes en activité et même un espace game ont permis d’échanger et de créer des liens. Ce premier Village virtuel a conforté l’image de la profession auprès des jeunes, du monde éducatif et des autorités, sensibles à l’engagement fort des entreprises de la chimie pour l’emploi des jeunes et l’alternance [A lire : « Le Village de la Chimie montre la voix », Le Catalyseur, mars 2021]. Nous préparons déjà l’édition 2022, qui sera un mix entre le digital et le présentiel, pour fédérer un maximum de participants.