« Certains pensent que nous sommes encore, parfois en France, toujours à l’époque de Germinal ». Jacques Dupenloup, directeur des ventes de l’entreprise de robotique savoyarde Stäubli, reçoit un à un les groupes de jeunes qui défilent sur son stand de l’Usine extraordinaire. « Or, l’usine de Zola, si elle a bien existé, ne se visite plus que dans les livres. Aujourd’hui, aux quatre coins de l’Hexagone, les usines ont épousé leur temps et sont armées pour affronter les défis du XXIe siècle. Les jeunes ne le savent pas toujours et se méfient de l’univers de l’usine, pour eux encore poussiéreux. La réalité est toute autre, et des tas de nouveaux métiers à tous les échelons sont à pourvoir », insiste-t-il. Une réalité que l’Usine extraordinaire, événement organisé du 22 au 25 novembre 2018 au Grand Palais à Paris, a tenté de mettre en lumière. Et le pari, tenu, est résumé sur l’affiche : « L’usine qui vous fait changer d’avis sur l’usine ».
Place aux jeunes à l’Usine extraordinaire
Des milliers de collégiens, d’étudiants et de curieux sont subjugués par les innovations technologiques présentées par la vingtaine d’entreprises installées sous l’énorme coupole du monument parisien. Ici une imprimante 3D chez Sanofi, là des machines à commande numérique, un peu plus loin des robots… Un lieu extraordinaire (13 000 de mètres carrés) pas choisi par hasard. « Le Grand Palais a été construit à l’occasion de l’Expo universelle de 1900. Il était à l’époque un bijou de modernité et donc un bijou technologique. Sont donc réunis ici des entreprises modernes, qui montrent leur savoir-faire et incitent les jeunes générations à se lancer dans des métiers méconnus lés à ingénierie ou au digital », assure Patrick Martin, vice-président du Medef venu à la rencontre des jeunes. « De nombreux métiers sont en souffrance. Il faut donc que les entreprises soient plus proches des jeunes », rappelle le responsable de l’organisation patronale qui soutient l’Usine extraordinaire.
Il faut dire que la Fondation Usine Extraordinaire, créée à l’initiative d’industriels français et organisatrice de l’événement, a réussi son objectif premier de faire venir le grand public et à « changer l’image de l’usine », en révélant la manière dont l’industrie d’aujourd’hui réinvente le progrès technique, accompagne les mutations de la société et répond aux défis planétaires. Elle se veut une chambre d’écho de tout ce que l’usine a d’innovant, d’attractif, d’inspirant, de positif à apporter – au-delà des aspects économiques – : un rôle sociétal et environnemental clé, au service du plus grand nombre.
Plus loin, sur le stand Michelin, Noëlie pose beaucoup de questions à des cadres de l’entreprise clermontoise. « Pour moi, Michelin, c’est les pneus et rien d’autre. Je découvre que c’est bien plus que ça ! », s’amuse cette jeune lycéenne lilloise. En effet, l’un des objectifs premiers de la Fondation est de redonner aux jeunes de tous milieux, l’envie de se projeter dans les métiers de l’industrie. Cette ambition se double de la volonté de diversifier les recrutements, en favorisant la mixité sociale, la féminisation des profils, la reconversion des actifs en recherche d’emploi ou encore l’accès aux métiers industriels aux personnes en situation de handicap. En un mot : la Fondation Usine Extraordinaire agit pour une industrie plus inclusive, fédératrice, porteuse de valeurs positives et de projets d’avenir.
En parlant de projets d’avenir, direction le stand EDF où une soixantaine de salariés de l’entreprise sont venus parler de leur métier, souvent méconnu. « Je suis venu partager mon expérience, pour donner envie aux jeunes de rentrer dans l’industrie. Dans mon cas – je travaille comme ingénieur à la centrale du Blayais – pour leur montrer que le nucléaire n’est pas un secteur vieillissant et poussiéreux. Travailler dans l’atome, c’est passionnant car les domaines sont larges », explique Argento.
« On est là aussi pour casser les préjugés et donner envie aux jeunes générations de se lancer dans l’aventure de l’entreprise. Chez nous, on a la chance d’avoir des tas de secteur qui participent à la transition énergétique comme le nucléaire, l’éolien, l’énergie solaire ou encore l’hydroélectricité », raconte le jeune homme.
A deux pas, Marie, elle aussi, est venue parler de son métier chez l’électricien français. « Je suis à la Défense et je travaille dans le domaine de la déconstruction, et sur le projet de stockage de déchets Cigéo à Bure. C’est très intéressant dans la mesure où nous prenons tous les paramètres en compte, de la sureté du stockage au transport en passant par la structure des alvéoles qui devraient accueillir les déchets dans quelques années ». Nous sommes plusieurs à l’écouter attentivement. Elle aime son métier, c’est incontestable !
Ce témoignage, parmi tant d’autres, participe à l’idée que l’on se fait en sortant de l’Usine extraordinaire : l’usine aujourd’hui est un lieu de production moderne, connecté, inspirant, un acteur engagé pour une société responsable et créatrice d’emplois…